Ça fait du bien, boudiou ! On ne baise pas le sol comment Jean-Paul II, mais le coeur y est. Des gens normaux, pas chiants… de vrais bus, pas la vieille camionnette à Jojo qui tombe en panne en pleine cambrousse avec les poissons morts qui commencent à sentir, comme ça nous est arrivé sur Lombok. Climatisés, confortables…

La conduite malaisienne, qui m’avait semblée si terrible à notre arrivée, est presque occidentale, après quelques semaines en Indonésie. Normale, pas occidentale. Oui, ok, c’est pareil. C’est si confortable que Sofia en oublie son téléphone à l’intérieur du car.

Le service client de Star Shuttle nous ramène à la réalité : on est quand même bien dans un pays sous-développé. De ce point de vue-là, en tout cas. Pas moyen d’avoir une personne capable de nous rappeler pour nous donner des infos. Quant au guichet, ils n’ont aucun lien avec la compagnie. Pratique, didon.

Bon, de toute façon c’était la fin de ce téléphone, d’autant plus que Sofia n’a aucune intention de payer les 500 euros de roaming qu’ils comptaient prélever. Ça fait quand même super-chier parce qu’on a plus moyen de prendre une carte SIM locale. On arrive au Red Palm, évidemment pas de chambre, on fait quelques GH de plus en plus nases pour finalement atterrir dans une petite chambre avec douche et la clim pour 70 RM la nuit, sur la semaine. Un peu plus de 100 euros pour sept nuits, dans le coin, c’est très bien, surtout qu’on a un petit balcon. C’est le minimum du minimum, mais ça suffira, c’est juste pour dormir de toute façon.

Le lendemain de notre arrivée, nous voilà partis à la recherche de notre bonheur électronique. Sofia m’offre un Ipad (2 !), et s’offre un truc à peine sorti en France, un Samsung Galaxy 10.1. Deux jours de négo pour faire baisser le prix, deux jours de « Hello Siiiiir ! » et de « good price for you my friend », deux jours de chiffres écrits discrètement sur des calculettes, pour obtenir un prix intéressant pour la tablette. Enfin intéressant, si on ne se fait pas gauler à la douane, parce que 19,6 de TVA, ça va tout de suite la rendre moins intéressante, la tablette.

M’enfin bon, on a de quoi s’occuper pendant les 14 heures d’avion au retour. Il a fallu apprendre à s’en servir, de la tablette, mais ça a l’air bon maintenant. Et c’est vraiment de la balle.

L’Ipad, on l’a commandé en ligne, 1500 RM, soit les deux tiers du prix français…ça vaut vraiment le coup. Même avec la douane, cette fois-ci. Pas encore reçu, je ne sais pas si je vais le faire jailbreaker ou pas, bref, à suivre.

Les journées sont paisibles, lever assez tard, sieste obligatoire, balades dans la ville. Les copines du Red Palm nous trimballent dans leur gros 4x4, un soir visiter le quartier des minsitères, très très high tech avec des éclairages à la Jean-Michel Jarre sur le moindre lampadaire, la mosque obligatoire dans ce genre d’endroits très jolie aussi, une fois faire les courses. En fait, ils sont musulmans (mais très sympas quand même). Donc ramadan. Tous les soirs, on va rompre le jeûne avec eux, dès que le virag…le muezzin se met à chanter.

Et boudiou, ils achètent une tonne de bouffe tous les soirs. Impressionnants, et c’est table ouverte. Pour apporter notre éco, et vu que je trimballe l’étoile montante de la cuisine de là-bas avec moi, on leur propose un couscous samedi soir. Vendredi, nous voilà donc partis faire les courses dans un magasin d’expats, où les légumes sont emballés à l’unité. C’est rigolo, mais c’est cher, aussi. Johannes, une des nanas du Red Palm, prend une partie des courses en charge malgré nos protestations. Elle est en fauteuil roulant, et fourre ce qu’elle compte payer dans un compartiment en-dessous de ses fesses, va les chercher après…c’est abusé !

On se pose la question du vin, pour nous deux, évidemment, mais les prix sont vraiment trop élevés. On sait qu’on va dans un petit marché « Ramadan Bazaar » après, mais y’a peu de chance d’y trouver un vin de récoltant qui va bien, quand même. Bon, tant pis, une aut’ fois.

Le marché en question est comme on peut s’y attendre, blindé de monde, nous sommes les seuls, pardon, je suis le seul Blanc, c’est juste une allée avec de chaque côté des stands qui ploient littéralement sous la bouffe. Y’a de tout, du chaud, du froid, du sucré, du salé, du indéterminé, du fait sur place, du fait à l’usine du coin…bref, on achète quelque truc pour le soir même, nos hôtes auraient dû prendre un caddie au vu du nombre de trucs qu’elles comptent becter, et nous voilà repartis dans les bouchons de n’importe quelle capitale à cette heure-ci.

Les infrastructures sont vraiment bien foutues, à KL, les grandes axes en tout cas, y’a encore des coins pourris à la limite du bidonville avec des venelles qui sentent le rat crevé, même en centre ville, mais les grandes rues n’ont pas d’énormes trous comme chez les Indos.

Bref, la soirée se passe, on rigole, on discute, et le lendemain, après le traditionnelle détour burgerkingesque, nous voilà de retour en début d’aprem pour la préparation du couscous.

On fait ça dans la cour qui donne sur la rue, avec des réchauds de camping qui ont deux heures d’autonomie environ, autant dire que les passants nous regardent avec curiosité.

Couscous poulet -7 légumes, avec les raisins secs caramélisés à la canelle, et l’entrée vedette de Nantais à la menthe, le zaalouk, purée d’aubergine tiède avec du citron et plein plein plein d’épices. Y’a pas de pain, ça sera sur des nans de l’Indien d’à-côté.

Quelques photos, on passe à table, Sophie nous a réservé une surprise, elle a ressorti un bouteille de rouge argentin de 2005 qu’un ancien guest leur avait laissée. Le vin est réellement délicieux, ça change du jus de raisin à l’alcool à brûler qu’on a bu à Bali. Le dîner aussi, très exotique pour eux, surtout la semoule (non, c’est pas du riz, comme au menu d’un resto marocain qu’on a vu un peu plus tôt. Couscous au riz. Changez rien, les mecs). C’est la première fois que l’employée indonésienne de 24 ans, Siti, mange de la courgette.

Le zaalouk et surtout les raisins ont un chouette succès, on en propose à tous les gens qui passent, ça se termine en banquet (relatif, hein, une petite dizaine de personnes), on finit même par en filer une grosse gamelle au resto indien dont les employés sont manifestement curieux de ce que nous bouffons.

On prend une semaine de repos, clairement, shopping, beaucoup de sommeil, beaucoup de soleil (enfin, de chaleur, parce que le soleil est voilé. La température dans la chambre est à 25°, merci la clim, sans cela ça serait étouffant. Oui, je sais que ces mots vont faire mal à la France. Je sais.)

On a décidé de faire le trajet jusqu’à Penang en car, c’est à peine plus long que l’avion et bien plus économique. On décolle (non, du coup) mercredi matin, pour une petite semaine avant le grand retour.