Deux jours de voyage pour rejoindre Bali.

Le premier, 6 heures de Crazy Taxi pour aller de Samosir (l’île) à Medan. La matinée s’est passée à chercher de l’argent, car on est un peu short pour payer l’ensemble des repas et massages de la Guest House. Rien, pas moyen de trouver un ATM, un distributeur, qui fonctionne…résultat, on a tapé dans les RM, l’agent malaisien, pour compléter, et pour le coup on a largement perdu au change…

Dernier déjeuner avec Rolf und Gisela, on prend le bateau ensemble, ils sont eux aussi shorts (et chaussettes dans leurs nu-pieds) en thune, et vont retirer sur le continent.

On se fait nos adieux, on monte dans le « private taxi » qui doit nous conduire à Medan ; je me demande toujours ce qu’est un « public taxi », mais bon, passons…On a loué toute une rangée pour nous, trois sièges pour un peu moins de 200 000 roupies. Le pire chauffeur depuis le début du voyage, et y’en a pas eu que des bons, croyez-moi ! Remonter une file de bagnoles par le bas-côté, doubler une file à l’arrêt par la droite (ici, on roule toujours à gauche) en se planquant sur le bas-côté quand une voiture arrive en face, empêcher les mecs qui font la même chose que lui de rentrer dans la file… J’ai encore bien cru qu’on aller manger du scooteriste pour dîner. Mais ça faisait marrer les quatre autres passagers, dont un gars monté sur ressorts quand il rigolait. Le Balinais assis à la place du mort (ici, c'est pasune expression, y'a la trace du corps tracée à la craie sur le siège) nous a régalé tout le long du voyage de sa musique : des daubes 90’s, et un best-off de Jon Bon Jovi qu’il a passé au moins quatre fois. Nous n’en demandions pas tant.

Il nous jette à l’hôtel qu’on a réservé, sauf qu’on a pas de réservation, le gars qui l’a prise est visiblement analphabète, le patron est un peu emmerdé, il propose l’hôtel de sa mère, Sofia va voir, c’est un truc d’ultrareligieux juste en face de la Mosquée, avec cafards compris dans le prix de la chambre, pas question. On finit par dégotter un hôtel chic pas trop cher, douche chaude, on met le blog à jour et au lit.

Réveil à 5h00, enfin à 4h30 par les gargarismes du muezzin qui s’échauffe la voix avant la prière. Ça, ou bien il écorche vif une petite demi-douzaine de chats, pas encore pu déterminer. On décolle pour l’aéroport, premier avion à 8h40 pour Bandung. On profite de ce temps pour réserver un hotel à Kuta, à côté de l’aéroport de Bali.

C’est juste une étape sur la route de Bali. On a 6 ou 7 heures d’attente à l’aéroport, celui-c-i est beaucoup plus propre que celui de Medan. Sofia en profite pour essayer de régler quelques soucis de correspondance et de remboursement de vols, la correspondance, ok (Air Asia, ‘sont vraiment bons), le remboursement, pas moyen (Lion Air, loin d’être aussi bon…). Le hall est plein de Musulmans locaux en partance pour La Mecque, avec armes, bagages et surtout gosses, qui courent partout en faisant chier le monde. On s’éloigne pour pas en tabasser quelques-uns (oui, j’aime tabasser des enfants).

Deux petites heures d’avion plus tard, aéroport de Bali. Un aéroport comme tous les autres, en dehors des planches de surf sur les tapis roulants. Si Bali est un corps, Kuta, la ville collée à l’aéroport, en est l’appendice. La population ici se divise en 2 types d’individus : les Occidentaux en débardeur et tongs, en général débarqués d’un pays où le soleil est rare, et qui sont là presque uniquement pour picoler, brailler, et essayer de niquer. Entre 18 et 24 ans environ –malgré la présence d’Anglaises autour de la quarantaine, dont on ne se demande pas longtemps ce qu’elles viennent chercher ici-, ça se lâche sur la bière locale, la Bintang, qui visiblement leur plaît énormément. Et les locaux qui ne sont là que pour se prostituer. Au sens large, s’entend : ici, tout Indonésien a quelque chose à te vendre, et il n’hésite pas à t’interpeller dans la rue pour cela. Au début, tu réponds « No, thank you », mais à la fin tu les ignores purement et simplement. La prochaine fois que je viens ici, je me fais un petit papier sur lequel j’écrirai « NO » en très gros, que je plastifierai, bien sûr. Ça m’économisera de la salive. Un sous-groupe des Occidentaux est composé des surfeurs, qu’on reconnaît assez facilement dans la mesure où ils font tout pour coller à la caricature : cheveux décolorés assez long, torse poil (façon de parler, ils sont plutôt imberbes), bien foutus, très sûrs d’eux. Le genre à se regarder dans la glace et à se dire « putain, j’suis trop cool, j’suis un aimant à gonzesses ». Kuta n’est pas le meilleur spot de Bali, à ce qu’il paraît, ces mecs ne sont donc là que pour draguer et se la péter, en passant deux-trois heures sur la plage pour faire style. Je déteste immédiatement cette ville, cette ambiance. On sort quand même, à contrecœur, pour essayer de louer une voiture pour les 10 jours qu’on a prévu de passer ici. On en fait deux-trois, avant de revenir au premier qu’on a vu : Eddy, qui nous fait les 10 jours en Suzuki Jimny avec assurance (franchise de 500 dollars, quand même) à 850 000 roupies, soient 70 euros… imbattable. Sauf qu’on doit aller chercher la voiture au dépôt pour la ramener au parking de la Guest House, vu que demain c’est dimanche, et que ce sont de bons chrétiens qui vont à la messe.

Sofia reste régler les papiers, j’accompagne Eddy à l’arrière de son scooter jusqu’au « dépôt », quatre planches, un toit avec 3 voitures garées en dessous. Dont la mienne, contre un poteau, le nez au mur. Le boss qui est là me file les clés, c’est moi qui la ramène, ah bon ? j’avais pas compris ça, si, si, bon ok. Je m’installe, où est la marche arrière ? (le capuchon du levier de vitesse est tombé). Ben euh… essaie en bas à droite, mais va doucement, le mur est pas loin. Pfiou, c’est bon, conduite à droite un peu particulier, mais sinon tout le reste est semblable à ma 205, le levier, les pédales, let’s go. A ce stade du récit, il faut que je décrive le centre-ville de Kuta, où se trouvent le dépôt ET la Guest-House. Ce sont de petites rues d’1 mètre 50 de large maximum, avec des trottoirs d’un seul côté de 50 cm de large. Bien sûr, c’est loin d’être tracé au cordeau, ça reste un pays de merde, hein. On y circule à pied, à scoot, en voiture, en minibus, et dans les deux sens. Et on est samedi, y’a donc du monde.

Me voilà parti, un scoot (Eddy) devant, un scoot (le boss) derrière, et moi qui essaie ne pas faire de connerie. Tout va bien jusqu’au premier virage : ça tourne à gauche, je tourne à gauche, en serrant à gauche, et sans voir le scoot noir qui est garé juste après le virage, lui aussi à gauche. Crac, je le serre contre le mur et fais encore deux bons mètres avant de tilter que le bruit et les cris, c’est moi que ça concerne. Je descends, direct une nuée de jeunes Indonésiens entoure la scène, faisant bloc avec le proprio du scoot. Il va falloir que je raque, c’est clair et net. Quelques éraflures sur le carénage, un cale-pied qui n’est plus tout à se place, et direct le boss qui m’annonce que je vais devoir changer tout le carénage. Là, je rigole, réellement, c’est niet, mais ça ne plaît pas, ils ont bien conscience que je suis un touriste donc un gagne-pain sur patte qu’il ne faut pas trop égratigner, mais je n’en reste pas moins un porte-monnaie sur pattes. Deux français qui dînaient à côté viennent me soutenir, Eddy reste prudemment en retrait, le boss lui est clairement du côté des locaux.

Ça commence à klaxonner derrière, forcément, donc je remonte dans la caisse pour la dégager, je tourne la clé… et rien. Plus de jus, batterie vide (le réservoir n’était pas beaucoup plus vaillant, au passage). Le boss embauche donc quelques-uns des curieux pour pousser la voiture jusqu’au dépôt, ces départs assouplissent la négociation. Le proprio du scoot, qui a autour de 15-16 ans, a commencé par le réclamer 1,5 millions de roupies, puis a baragouiné avec ses collègues avant de m’annoncer… 100 000 roupies. Direct, il se fait engueuler par ses potes, t’es con ou quoi, c’est l’occasion de sortir ta mère de la rue et ton père de prison, fais-le cracher ce touriste de merde, après tout il a quand même niqué la peinture de ton scooter à 800 euros, merde ! Je fais « ok, 200 000, I have no money here –ben ouais, Sofia se chargeant de régler la voiture, elle a gardé le portefeuille – we go to Eddy’s place and I widraw money from ATM, on trouve un distributeur et t’auras ta thune, malgré que t’étais vraiment garé comme une merde ».

Nous voilà repartis, moi derrière Eddy, lui qui nous suit, seul, ouf. On arrive, j’explique rapidement le truc à Sofia, je suis fatigué, énervé, le gars continue à discuter, il a trouvé une autre égratignure sur son garde-boue, il continue d’essayer de charger la mule, ok 250 000 et tu me lâches, coco. Je chope ma CB et vais retirer, pas de pot, y’a que des billets de 100 000, je me vois mal lui demander la monnaie, et il est hors de question que j’ouvre mon portefeuille et qu’il voit la confortable liasse qui est à l’intérieur (ici, quand tu paies un Coca, tu as l’impression d’acheter deux ou trois hôtels au Monopoly). Va pour 300 000, 25 euros, et je vais au lit, mais non, il appelle un de ses potes et ne prend toujours pas la thune. Le pote arrive en vrombissant, surprise, c’est un Australien, blond, de type « Bintang duuuuude », il m’explique que le branleur est trop « shy » pour demander plus… timide ! mon cul, ouais !

Bon, j’en ai marre, je lui montre les trois billets et je lui explique que c’est soit ça, soit il s’assoit sur son carénage de merde, parce que moi je vais dormir. Eddy intervient enfin, prend ma thune, la met dans la main du gars et lui dit un truc en Indonésien. Visiblement le gars a quand même fait une bonne affaire, selon Eddy, parce qu’il prend, me serre la main et dégage avec son blondinet. Le bureau de location est fermé, on attendra demain pour récupérer notre argent, parce que la voiture ici, c’est fini. Vacciné. En plus, la panne de batterie aurait dû nous arriver au moment du départ le lendemain matin, avec tout fermé… Une douche, dodo, le sommeil tombe très vite, malgré le bazar de la rue et les beats des boîtes à rythmes de la nuit de Kuta Bitch.