Toujours au Nord de Sumatra se trouve le lac Toba. Pour y aller de Bukit Lawang, il y a environ 250 kilomètres. Ici, avec une voiture climatisée avec chauffeur, il faut compter une bonne journée de route en décollant à 9h30. Surtout quand les gars te font tourner en bourrique pour essayer de se faire un maximum de fric sur ton dos. Payer un service comme celui-ci assez cher, ok, se faire tondre, hors de question.

Nous faisons donc étape à Berastagi, où nous laissons nos nouveaux amis teutons, que nous appellerons Rolf et Gisela. Ils vont escalader le volcan qui domine la ville et en constitue la seule attraction touristique. Tous les hôtels pour Blancs sont d’ailleurs situés sur ses contreforts, y compris celui où vont dormir les copains. Nous, on décide d’aller chercher une autre voiture, pour les raisons évoquées plus haut. On traverse donc la ville avec nos sacs à dos. Et visiblement, nous en sommes la nouvelle attraction !

Tout le monde nous dévisage, la plupart avec un sourire, et des « Hello ! » fusent assez souvent. Quelques visages impassibles, parfois, mais jamais d’agressivité. Nous ne trouvons pas la gare de bus, alors nous décidons de nous poser dans un boui-boui pour appeler la nana chez qui nous avons réservé. Elle nous dégotte un taxi, Victor, qui va nous prendre pour le reste du trajet. Tarif 450 000 roupies, soit environ 40 euros. Correct, d’autant plus qu’il est chargé de nous jeter au ferry et de s’assurer qu’on le prenne.

Sofia s’arrête en route pour acheter des fruits aux marchands ambulants au bord de la route. Là encore, elle est regardée comme une curiosité (je ne descends pas de la voiture, moi. Un coup à choper des maladies, ça). On s’arrête dans un village pour acheter d’autres fruits, le dîner (deux grosses portions de riz agrémentées de plein de trucs, épicées, savoureuses, 18 000 roupies, 1,50 euros…), on en bouffe une à deux et on offre l’autre à Victor. Sofia en profite pour acheter une carte SIM locale, le téléphone commençant à coûter cher. L’activer va se révéler être un sacré bordel, mais on finira par y arriver.

Sur la route, l’environnement change progressivement. On voit les premiers bœufs typiques d’Asie, avec un plan incliné à la place du front. Ils tirent des chariots d’un autre âge sur les bords des routes, transportant tout et surtout n’importe quoi : des matériaux de construction, des fruits, des vieux, des bidons d’essence (beau paradoxe). Certains sont couchés sur la route, les voitures les évitent. Merde, on est allés trop loin ou quoi ?!

On arrive au ferry, embarcadère un peu glauque, on fait nos adieux à Victor et on va se poser à une terrasse, en attendant 21h00. L’heure du ferry. Ah oui, le lac Toba, le lac volcanique le plus élevé du Monde, possède une île en son centre, et c’est là qu’on va. Ça s’appelle Samosir, et ça va se révéler magnifique.

Encore faut-il y aller. On voit revenir Victor en 4ème vitesse, il a dû se faire avoiner au téléphone, le Victor, il s’est trompé de port de départ pour le ferry, il nous recharge en vitesse, on a 10 minutes pour rejoindre le bon terminal. On y arrive, terminal est un bien grand mot pour une piste de terra battue et quatre rondins qui émergent, on embarque sur une espèce de bateau de pirates tout en bois avec plein de gyrophares dans tous les sens. L’embarquement se fait par une planche en bois, avant de monter sur un ponton à l’arrière du bateau. Là, quelques rangées de vieux bancs en plastique accueillent les quelques passagers encore là à cette heure tardive. En Indonésie, on est à l’équateur, et le soleil a des horaires fixes : 7h00 – 19h00. A quelques minutes près, c’est impressionnant. Le soir tombe très vite, et la vie nocturne est assez peu développée, en-dehors du fait de s’assoir sur le porche de sa maison et de regarder…quoi ? Pas grand-chose, en fait.

Pas de gilet de sauvetage en vue, évidemment, le bateau annonce son départ avec une sono qui balance à fond de l’euro-house des années 90, ça doit être cool d’habiter près du port, tiens !

Sur le bateau, on rencontre Rudi, un local qui rentre chez lui avec sa petite fille, et avec qui nous lions connaissance. Il est très sympa, et le temps du trajet, nous propose de venir dormir chez lui, sa maison est petite, mais il nous accueillera avec grand plaisir. Nous avons déjà réservé, sinon nous y serions allés avec non moins de plaisir. Au moment de nous quitter, sa fille nous prend la main pour se la coller contre le front. Signe de respect, visiblement. Je me demande ce que mes élèves feraient dans pareille situation…

Pendant le trajet, on regarde les lumières de l’île, les étoiles, il fait bon, on est bien.

On rejoint notre hôtel. C’est superbe, en plus nous avons réservé la maison Batak, l’habitation typique de la peuplade originelle de l’île. Très, très typique. Le batak moyen devant mesurer 90 centimètres, je suis obligé de rentrer à quatre pattes dans la maison. Mais c’est vraiment sympa.

L’environnement est vraiment exceptionnel, mais visiblement le tourisme ne marche plus sur l’île depuis des troubles politiques en 97. Nous sommes les seuls clients, les patrons essaient de nous pousser à dîner chez eux… C’est vraiment étrange, la salle de restaurant sert de salon à toute la famille (nous sommes encore en train d ‘essayer de compter les gamins, ils sont au moins 8, dont deux paires de jumeaux). Ils sont évidemment aux petits soins avec nous, nous décidons d’inviter Rolf et Gisela à nous rejoindre ; Sofia a cru que la patronne allait pleurer de joie en l’apprenant !

Première nuit, littéralement bouffés par les moustiques pendant une demi-heure avant que nous ne mettions un serpentin. En plus, visiblement, une chatte a mis bas dans le faux plafond, ça miaule, ça gratte, ça joue au-dessus de notre tête. Un jet de pisse atterrit sur le lit au matin, c’est cool, c’est typique, mais nous allons quand même prendre une autre chambre !

Le lendemain matin, on décide de faire à pied les cinq kilomètres qui nous séparent de la seule ville touristique de l’île, Tuk Tuk. Oui, Tuk Tuk. Sauf que je me trompe au seul embranchement de la route, et on se retrouve à Lomok, le petit port du ferry. On y déjeune très largement pour environ 8 euros… Sur la route, pas mal d’écoles ; ici uniforme obligatoire, et écoles confessionnelles. Les élèves ont entre 6 et 14 ans, et visiblement l’option « à califourchon sur le scooter devant papa/maman » a plus la côte que le bus scolaire. Dès qu’ils nous voient, les enfants d’agglutinent pour nous gueuler des « Hello !! Hohayou ». Samosir, et toute la région du lac d’ailleurs, sont peuplés de Baptistes. Dans un pays largement Musulman, ce n’est visiblement pas simple, et la religion occupe pas mal de place dans leur vie et dans leur espace. Il y a des églises partout, souvent décorées avec des motifs locaux, rappelant un peu les motifs tribaux du Pacifique Sud. Des têtes grimaçantes, très allongées et hyper chargées.

On se demande si on va louer un scooter ou un vélo. Finalement, on ne loue rien, on finit par rentrer en bus local… on verra demain pour le moyen de transport !

Notre Guest House Thyesza - Flower of Samosir Ambarita, Samosir Island, Lake Toba www.flowerofsamosir.com