Jour 1. L’avion.

C’est rigolo, l’avion. Quand tu en as pour 12 ou 13 heures de vol, tout le monde prend ses aises, enlève ses pompes, se couche dans toutes les positions pour choper un peu de sommeil.

En ce qui nous concerne, le sommeil a été un tantinet perturbé par un John-Bryan ou une Cyndirella, pas pu déterminer, 2 ans maximum, qui a hurlé à plein poumons quasi non stop. Charmants, ce gosse.

Arrivée. Après avoir joint nos regards à ceux des 200 autres passagers pour fusiller la bonne mère de famille à la descente, on se présente à la porte de l’avion pour aller sur le tarmac. Oui, en Europe y’a quasi tout le temps un gros cordon ombilical blanc qui te prend en charge pour surtout ne pas te faire toucher le même sol que les roues de l’avion, mais ici, c’est à l’ancienne, c’est tout juste s’il n’y a pas de boys pour tout porter. L’impression, cash, d’être enveloppé dans un gant de toilette ayant servi récemment. C’est chaud, c’est humide (vanne facile ?), c’est lourd (comme la vanne facile), il paraît qu’on s’y habitue, je vois vraiment pas comment on peut vu que toutes les deux minutes on entre dans un espace publique ultra climatisé, à environ 13 degrés.

Douane, facile, longue attente pour te faire flasher 15 secondes les doigts avec un rayon digne d’une boîte qui passerait Daddy DJ, de nos jours. Le contrôle des bagages, trois moustachus dans un coin qui te dévisagent mollement (faut le faire) et n’arrêtent personne. Pourtant…

On l’a dit dans l’avion, c’est écrit partout, avec de joli pictos mêlant potence et cannabis : ici, la tentative de trafic de stup est punie de mort. Rien à branler qui tu es, d’où tu viens, c’est le même terminus. Le gars qui essaie quand même, ben comme chantait l’autre, Darwin avait raison, crève ma poule.

Bon, moi j’ai peur en avion. Pas une peur panique comme Bergkamp qui m’empêche de l’utiliser, mais je n’aime vraiment pas les décollages et surtout les atterrissages. Celui-ci s’est assez bien passé, si on considère qu’il est normal de sentir l’avion tanguer d’ouest en est. J’adore. Bref, pas fâché d’être arrivé, on va prendre un bus pour Kuala Lumpur (KL, pour la suite). Ben j’ai dix fois plus flippé ma race dans le bus que dans l’avion.

Le mec allait à fond. Mais genre à fond. Rien à foutre de rien. De rien du tout. Avec la Cibi en fond sonore qui te fait découvrir le parler malais avec délicatesse, pour parfaire l’expérience ("Allekoum salame saté maré kilabou hin hin hin").

Genre dans les virages, je me disais « ça passera jamais, on va se retrouver sur le flanc ». Ben si, ça passait. Je pensais qu’on allait se tartiner facile 5-6 scooters (y’a de tout, de toutes les formes, de toutes les cylindrées, et ça déboule de partout ! Mais genre partout, blouson à l’envers pour protéger le faux Ralph Lauren, faut croire). Ben rien, même pas un moustique. Après un pit-stop on nous nous sommes retrouvé avec une bandes d’intégristes musulmans chinois dans un minibus, arrivée à la guest-house. Deux heures et demi de bus depuis l’aéroport, et pourtant le mec a pas lésiné sur la pédale. C’est un bordel, KL, impressionnant.

Architecturalement, c’est déjà un sacré beau bordel. Ça se construit de partout, pour commencer, avec des zones en friche et de la végétation tropicale qui pousse dessus, des buildings ultramodernes, des singes en ville (heureusement que mon passage à Puteaux m’avait préparé à ça), des fils dans tous les sens, des édifices religieux à tous les coins de rue. En plus, ça pue et ça sent délicieusement bon dans la même seconde, y’a toutes les ethnies du continent qui cohabitent, avec plus ou moins de sympathie pour les touristes (indiens good, chinois baaaaad). Y’a évidemment le lot habituel de jeunes Européens qui-savent-faire-la-fête, tu t’attends toujours à voir marcher d’un pas noble et posé Bernard de la Villardière derrière eux… Bref, un magnifique foutoir, j’aime beaucoup.

Les Malais semblent avoir fait avec la culture US la même chose qu’ils font aux fruits (et ils sont nombreux, les fruits, ici) : on prend, on mixe et on ressert avec du sucre et de la glace. Sauf que ces cons-là ont surtout gardé le zeste et jeté le jus : ultra-libéralisme débridé, musique de merde partout dans les rues… Le Cuba de Batista devait un peu ressembler à ça, les putes en plu… non, à ça.

Deux couilles à l’arrivée (ça va toujours par deux, une couille). Oublié le chargeur du PC chez le pote qui nous hébergés hier soir dans le 13ème (oui, on a fait une petite séance de préparation). Heureusement, ici c’est la maison-mère de tout ce que la planète compte d’électronique, on a donc pu trouver une soluce à pas trop cher. Autre couille plus embêtante, demain a lieu à 50 mètres de la Guest-House une manif monstre contre le gouvernement qui veut mettre la main sur les observateurs des élections, de ce que j’ai compris. Du coup, pas de car pour aller à Cameron Highlands, dans la jungle, se faire bouffer par les moustiques. Donc nuit supplémentaire à KL, mais plus de place dans la guest-house, bref le bordel, surtout après 24 heures de veille non-stop. On a trouvé un hébergement et on va avancer l’étape suivante d’une journée, et la jungle can kiss my ass good-bye. Je choperai la malaria un autre jour, folks.

Bon, allez, faut aller boire du fruit frais à 30 cts, j’vous laisse, à demain ‘challah (le Malais utilise des expressions arabes, Musulmanité oblige, mais toutes déformé, et corrige Yodette qui est arabophone de naissance. Faut VRAIMENT que les Arabes foutent leur merde partout, impressionnant.)